L'intégrité scientifique: Introduction
Lexique : Intégrité scientifique
- Découpe en salami (salami slicing) Prolifération artificielle des publications. Par exemple, lorsqu’un même travail de recherche donne lieu à plusieurs publications quasi-identiques.
- Embellissement des données (beautification of data) « L’embellissement des données consiste à rapporter les résultats d’une étude sous une forme ne correspondant pas exactement à la réalité afin de les présenter sous un jour plus favorable ou plus attractif. » (Seror, R., Ravaud, P. « Embellissement des données : fraude a minima, incompétence ou un mélange des deux », La Presse Médicale, tome 41, no 9, septembre 2012)
- Ethique de la recherche (research ethics) L’éthique de la recherche "aborde de façon plus large les grandes questions que posent les progrès de la science et leurs répercussions sociétales." (Rapport Corvol).
- Fabrication des données Une des fraudes scientifiques les plus graves, « la fabrication est la composition de données, leur enregistrement et leur présentation. » (Rapport Alix)
- Falsification des données « La falsification est la manipulation de procédures de recherche ou la transformation ou l’omission de données. » (Rapport Alix)
- FFP Acronyme utilisé pour désigner les trois fraudes scientifiques : Fabrication, Falsification, Plagiat (voir Fraude scientifique)
- Fraude scientifique (scientific fraud) « Un consensus international définit la fraude comme « une violation sérieuse et intentionnelle dans la conduite d’une recherche et dans la diffusion de résultats », excluant par là-même « les erreurs de bonne foi ou les différences honnêtes d’opinion ».
- Intégrité scientifique « L’intégrité scientifique est la conduite intègre et honnête qui doit présider à toute recherche » (Corvol). « L'intégrité scientifique (...) se comprend comme l'ensemble des règles et des valeurs qui doivent régir l'activité de recherche, pour en garantir le caractère honnête et scientifiquement rigoureux » (Circulaire du MESR n° 2017-040 du 15-3-2017)
- Pratiques de recherche contestables (PRC) (Questionable Research Practices : QRP) « Vaste ensemble hétérogène de pratiques scientifiques critiquables ou dommageables, composé de différentes sortes d’inconduites : inconduites par rapport aux publications, aux données, inconduites personnelles, conduites financières et autres incorrectes...
- Rétractation « Déclaration publique désavouant, en partie ou en totalité, le contenu d’un article déjà publié, faite par son auteur et/ou son éditeur » (https://lejournal.cnrs.fr/articles/fraude-mais-que-fait-la-recherche)
Thème du guide
Voir aussi
Pour citer ce guide
Serres, Alexandre. "L'intégrité scientifique". In UBL (Université Bretagne Loire), Formadoct. Rennes : UBL, décembre 2019. Disp. sur : https://guides-formadoct.u-bretagneloire.fr/integrite
Qu'est-ce que l'intégrité scientifique ?
Définition
"L’intégrité scientifique est la conduite intègre et honnête qui doit présider à toute recherche". C'est par ces mots que Pierre Corvol, Professeur honoraire au Collège de France, définit l'intégrité scientifique dans son rapport remis en juin 2016 à Thierry Mandon, Secrétaire d'état à l'enseignement supérieur. Il s'agit d'exercer ses activités de recherche en accord avec un certain nombre de "règles et valeurs". Ainsi, la référente Intégrité scientifique de l'Académie suisse des sciences, Michelle Salathé, énumère : "la véracité, l'autodiscipline et l'auto-critique" comme "composantes d'un comportement intègre sur le plan scientifique".
Contenus et contours de l'intégrité scientifique
L'intégrité scientifique s'appréhende souvent par le prisme des manquements dont elle est l'objet. Mais elle concerne aussi plusieurs domaines de l'activité de recherche d'aujourd'hui, tels que la science ouverte, l'Open Access, la question de la reproductibilité des résultats, les mécanismes d'évaluation des revues scientifiques, la bibliométrie, les pratiques des chercheurs, etc. Et l'intégrité scientifique doit être appréhendée selon les spécificités des domaines disciplinaires.
Intégrité scientifique, éthique de la recherche, déontologie : quelles différences ?
Source : Olivier Le Gall, OFIS
Pour mieux comprendre l’intégrité scientifique, il faut la distinguer de ses deux voisines : l’éthique et la déontologie. Ce tableau, emprunté à Olivier Le Gall, Président du CoFIS, est intéressant car il résume bien les trois domaines :
- l’éthique de la recherche recouvre les « grandes questions que posent la science et leurs répercussions sociétales » : par exemple, les questions de la bio-éthique, les enjeux sociétaux de l’Intelligence Artificielle, etc. Elle a une dimension incontestablement culturelle : ainsi les valeurs éthiques varient-elles dans le temps et l’espace (par exemple, la question de la souffrance animale est appréhendée aujourd’hui d’une manière assez différente d’il y a 40 ans);
- l’intégrité scientifique, ce sont les « règles qui gouvernent la pratique de la science », et à ce titre, elle a d’emblée une dimension universelle (on ne fait pas de la science différemment en Chine et en France) ;
- la déontologie du fonctionnaire, ou plus largement du chercheur, concerne les droits et devoirs des chercheurs, et notamment la question cruciale des conflits d’intérêt.
Pour Léo Coutellec, chercheur e
On peut distinguer également deux sortes d'éthiques de la recherche : l'éthique sociale de la science, qui touche aux "grandes questions" posées par les sciences ; et l'éthique individuelle du chercheur, qui comprend les valeurs et les règles qui sous-tendent les pratiques scientifiques. A ce titre, l'éthique englobe l'intégrité scientifique.
L’intégrité scientifique, elle, touche les pratiques scientifiques ; l’une des différences avec l’éthique avait été soulignée par Pierre Corvol, dans son Rapport et tient à la place du débat. Pour Corvol, « autant les questions d’éthique font débat, autant l’intégrité scientifique ne se discute pas. Elle se respecte, c’est un code de conduite professionnelle qui ne doit pas être enfreint. ». Avec l’intégrité scientifique, nous sommes du côté des normes, des règles, implicites ou explicites, qui encadrent les pratiques, et qui sont définies et admises dans une communauté (une discipline, un champ disciplinaire, la communauté des chercheurs, etc.). L’intégrité scientifique dit à la fois les « bonnes pratique » et leur contraire, les méconduites, la fraude. A ce titre, elle ne se discute pas, effectivement (on peut difficilement justifier la fraude au plan théorique !). Mais cela étant, elle pose de nombreux problèmes et questions, qui elles, se discutent.
Support de formation
- Introduction à l'intégrité scientifique.Support PDF de 74 diapos, réalisé par Alexandre Serres, pour le stage de l'URFIST de Rennes du 17 mai 2019, à destination des doctorants de l'UBO