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L'intégrité scientifique: Introduction

Lexique : Intégrité scientifique

Thème du guide

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Pour citer ce guide

Serres, Alexandre. "L'intégrité scientifique". In UBL (Université Bretagne Loire), Formadoct. Rennes : UBL, décembre 2019. Disp. sur : https://guides-formadoct.u-bretagneloire.fr/integrite

Qu'est-ce que l'intégrité scientifique ?

Définition

"L’intégrité scientifique est la conduite intègre et honnête qui doit présider à toute recherche". C'est par ces mots que Pierre Corvol, Professeur honoraire au Collège de France, définit  l'intégrité scientifique dans son rapport remis en juin 2016 à Thierry Mandon, Secrétaire d'état à l'enseignement supérieur. Il s'agit d'exercer ses activités de recherche  en accord avec un certain nombre de "règles et valeurs". Ainsi, la référente Intégrité scientifique de l'Académie suisse des sciences, Michelle Salathé, énumère :  "la véracité, l'autodiscipline et l'auto-critique" comme "composantes d'un comportement intègre sur le plan scientifique".

Contenus et contours de l'intégrité scientifique

L'intégrité scientifique s'appréhende souvent par le prisme des manquements dont elle est l'objet. Mais elle concerne aussi plusieurs domaines de l'activité de recherche d'aujourd'hui, tels que la science ouverte, l'Open Access, la question de la reproductibilité des résultats, les mécanismes d'évaluation des revues scientifiques, la bibliométrie, les pratiques des chercheurs, etc. Et l'intégrité scientifique doit être appréhendée selon les spécificités des domaines disciplinaires.

Intégrité scientifique, éthique de la recherche, déontologie : quelles différences ?

 

Source : Olivier Le Gall, OFIS

Pour mieux comprendre l’intégrité scientifique, il faut la distinguer de ses deux voisines : l’éthique et la déontologie. Ce tableau, emprunté à Olivier Le Gall, Président du CoFIS, est intéressant car il résume bien les trois domaines :

  • l’éthique de la recherche recouvre les « grandes questions que posent la science et leurs répercussions sociétales » : par exemple, les questions de la bio-éthique, les enjeux sociétaux de l’Intelligence Artificielle, etc.  Elle a une dimension incontestablement culturelle : ainsi les valeurs éthiques varient-elles dans le temps et l’espace (par exemple, la question de la souffrance animale est appréhendée aujourd’hui d’une manière assez différente d’il y a 40 ans);
  • l’intégrité scientifique, ce sont les « règles qui gouvernent la pratique de la science », et à ce titre, elle a d’emblée une dimension universelle (on ne fait pas de la science différemment en Chine et en France) ;
  • la déontologie du fonctionnaire, ou plus largement du chercheur, concerne les droits et devoirs des chercheurs, et notamment la question cruciale des conflits d’intérêt.

Pour Léo Coutellec, chercheur en Epistémologie des sciences, l'éthique de la recherche, en tant que « démarche réflexive sur les valeurs, les finalités et les conséquences de la science », a une dimension « socio-épistémologique ». Pour lui, l’éthique de la recherche est « épistémologiquement une éthique générique », transversale : elle est générique au sens où elle touche toutes les disciplines et se situerait en amont de toutes les pratiques scientifiques, qu’elle vise à questionner et analyser. L’éthique serait également « générique » au sens où elle vise à composer, à articuler des valeurs, des finalités, avec des pratiques, et avec leurs conséquences.
On peut distinguer également deux sortes d'éthiques de la recherche : l'éthique sociale de la science, qui touche aux "grandes questions" posées par les sciences ; et l'éthique individuelle du chercheur, qui comprend les valeurs et les règles qui sous-tendent les pratiques scientifiques. A ce titre, l'éthique englobe l'intégrité scientifique.

L’intégrité scientifique, elle, touche les pratiques scientifiques ; l’une des différences avec l’éthique avait été soulignée par Pierre Corvol, dans son Rapport et tient à la place du débat. Pour Corvol, « autant les questions d’éthique font débat, autant l’intégrité scientifique ne se discute pas. Elle se respecte, c’est un code de conduite professionnelle qui ne doit pas être enfreint. ». Avec l’intégrité scientifique, nous sommes du côté des normes, des règles, implicites ou explicites, qui encadrent les pratiques, et qui sont définies et admises dans une communauté (une discipline, un champ disciplinaire, la communauté des chercheurs, etc.). L’intégrité scientifique dit à la fois les « bonnes pratique » et leur contraire, les méconduites, la fraude. A ce titre, elle ne se discute pas, effectivement (on peut difficilement justifier la fraude au plan théorique !). Mais cela étant, elle pose de nombreux problèmes et questions, qui elles, se discutent.

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